Auteur : Fréchette, Karine

Philippe Goulet Coulombe remporte le Prix Relève en recherche 2024-2025 décerné par le Vice-décanat à la recherche de l’ESG UQAM 

Philippe Goulet Coulombe reçoit le Prix Relève en recherche 2024-2025. Professeur en sciences économiques à l’ESG UQAM, il est reconnu pour ses recherches en modélisation macroéconomique et intelligence artificielle.

Le Vice-décanat à la recherche de l’ESG UQAM est heureux de remettre le Prix Relève en recherche pour l’année 2024-2025 à Philippe Goulet Coulombe, professeur au département de sciences économiques de l’ESG UQAM depuis 2021 et chercheur associé à la Chaire en macroéconomie et prévisions dirigée par les professeurs Alain Guay et Dalibor Stevanovic (sc. économiques). Il sera éditeur associé à l’International Journal of Forecasting  à partir de l’automne 2024. 

Titulaire d’un doctorat en économie de la University of Pennsylvania et d’une maîtrise de Queen’s University, Philippe Goulet Coulombe a fait son Bac à l’Université Laval. Chercheur reconnu pour le développement de techniques de pointe en modélisation macroéconomique, il mène plusieurs projets à l’intersection de l’intelligence artificielle et de l’économétrie. Il conduit également des travaux en finance et sur la modélisation statistique des changements climatiques.  

Il cumule plus de 60 présentations dans 15 pays – notamment dans les conférences universitaires et les banques centrales. Il a produit une vingtaine de cahiers de recherche, dont 10 articles publiés dans des revues scientifiques de haut niveau, dont le Journal of Econometrics, le Journal of Applied Econometrics et l’International Journal of Forecasting. Il détient plusieurs subventions et bourses de recherche, dont celles du FQSRC (2022) et le CRSH (2024). Il commente régulièrement divers enjeux économiques dans les médias, à la télévision, dans la presse écrite et à la radio.  

Au cours des prochaines années, il compte poursuivre, avec son équipe, un agenda alliant recherche de pointe et déploiement pratique des algorithmes développés en utilisant une approche de type «  apprentissage automatique ». Cela, en construisant simultanément le modèle prédictif et les variables économiques utilisées directement à partir des données granulaires (par exemple, les pixels d’une image). Il mettra également l’accent sur l’interprétabilité et la transparence des modèles, éléments essentiels pour leur utilisation concrète. 

Dans ses temps libres, Philippe Goulet Coulombe est aussi auteur, compositeur et chanteur-guitariste au sein de la formation musicale Décorum, pour laquelle il signe la réalisation de deux albums, en 2022 et 2024.  

Voir le vidéo de présentation de Philippe Goulet Coulombe 

Source: Nouvelles ESG UQAM

Pour qui la ville est-elle encore abordable? Étude menée par Florian Mayneris et Kristian Behrens

Une étude menée en collaboration avec l’Université Paris-Saclay se penche sur l’accessibilité des grands centres urbains.

La crise du logement qui sévit dans plusieurs grandes villes occidentales est abondamment documentée par les médias. «En parcourant les articles et reportages sur le sujet, j’ai développé un intérêt pour les témoignages des travailleuses et travailleurs de la classe moyenne qui ne parviennent plus à se loger dans les villes où ils travaillent. J’ai voulu cerner l’ampleur du phénomène», souligne le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM, Florian Mayneris.

Le chercheur a obtenu une subvention Développement Savoir du CRSH de près de 70 000 dollars afin de réaliser un projet de recherche sur la question avec son collègue Kristian Behrens, en collaboration avec Miren Lafourcade, professeure en économie à l’Université Paris-Saclay.

La distance domicile-travail

Florian Mayneris et son équipe s’intéressent aux grandes villes canadiennes que sont Vancouver, Toronto et Montréal, ainsi qu’à des villes françaises comme Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Strasbourg et Lille. «Nous utilisons les bases de données du recensement au Canada et en France, explique le chercheur. On y consigne le lieu de domicile et le lieu de travail des répondantes et répondants. Dans la première partie de notre projet, à teneur plus descriptive, nous pouvons déterminer si la distance domicile-travail a augmenté ou diminué au cours des 10, 15 ou 20 dernières années.»

Le professeur et ses collègues comptent également analyser si ces distances fluctuent en fonction des villes étudiées, des professions, du genre et de la situation familiale.

Bien qu’anecdotique, la réalité statistique fait sourire: entre le recensement de 2016 et celui de 2021, la distance moyenne domicile-travail au Canada a connu une forte baisse… en raison du télétravail. «Pour certaines personnes, la distance domicile-travail est passée de quelques kilomètres à quelques mètres», note en riant Florian Mayneris.

Pouvant bénéficier du télétravail, plusieurs travailleuses et travailleurs ont choisi de migrer de la ville vers les banlieues. Comment savoir si ces personnes ont décidé de déménager hors de la ville par choix, pour se rapprocher de la nature, par exemple, ou parce qu’elles n’avaient plus les moyens d’habiter en ville? «C’est impossible et c’est pourquoi nous devrons exclure les télétravailleurs de notre échantillon», explique le professeur.

Une fois les télétravailleurs écartés, les analyses préliminaires ne laissent pas entrevoir de changements significatifs au niveau de la distance domicile-travail chez les Canadiennes et Canadiens au cours des dernières années, observe Florian Mayneris. «Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de variations importantes pour certaines villes et certaines professions, mais nous pourrons le vérifier lorsque nous aurons réalisé une analyse plus poussée.»

L’impact de la flambée immobilière

Dans la deuxième partie du projet, Florian Mayneris et son équipe détermineront si la fluctuation de la distance domicile-travail est liée, pour certaines professions, à l’augmentation des prix de l’immobilier durant les 20 dernières années. «Nous comptons ensuite vérifier si, pour un secteur géographique donné, une partie de la flambée immobilière est attribuable à l’augmentation des inégalités de salaire, ajoute-t-il. Par exemple, si plusieurs personnes habitant au centre-ville œuvrent dans le domaine de la finance et ont des salaires très élevés, il est probable que la hausse des prix de l’immobilier y soit plus marquée qu’ailleurs.»

Des ruptures de services à l’horizon?

Dans une phase ultérieure, l’équipe analysera les résultats obtenus en parallèle avec l’offre de services publics pour les résidents d’une même ville. «Si des travailleuses et travailleurs appartenant à certains groupes d’emploi – en enseignement, en restauration ou en soins infirmiers, par exemple – doivent sortir de la ville pour des raisons économiques et changer d’employeur, il viendra un moment où il risquera d’y avoir une rupture de services», craint le spécialiste.

L’exemple qu’il offre à cet égard est documenté. La Régie autonome des transports parisiens (RATP), responsable des transports collectifs dans la capitale française, éprouve des difficultés à assurer la continuité de ses services, car on ne parvient plus à recruter et à retenir des chauffeuses et chauffeurs d’autobus, illustre-t-il. «Cela tient principalement à deux facteurs: des enjeux de sécurité – l’incivilité des passagers, notamment – mais aussi une offre salariale trop faible pour que ces travailleuses et travailleurs puissent habiter en région parisienne.»

Inévitablement, l’étude abordera l’effritement de la classe moyenne. «Les phénomènes d’embourgeoisement et de gentrification affectent non seulement les personnes les plus pauvres, mais aussi les gens de la classe moyenne. Il nous reste à déterminer dans quelle proportion et à esquisser les impacts que cela aura éventuellement sur la dynamique économique des villes», conclut Florian Mayneris.

Source: Actualités UQAM

La professeure Raquel Fonseca, lauréate du prix Marcel-Dagenais

Raquel Fonseca, professeure à l’ESG UQAM et chercheuse et Fellow CIRANO, a reçu le prix Marcel-Dagenais 2024 lors du congrès annuel de la Société canadienne de science économique le 16 mai dernier.

Raquel Fonseca a publié plusieurs articles scientifiques dans des revues internationales sur l’économie du vieillissement, de la santé, et du marché du travail. Ses recherches actuelles portent sur les effets des réformes de la sécurité sociale, l’emploi et le bien-être, ainsi que sur les interactions entre la santé, l’épargne et la retraite. Elle est cotitulaire de la Chaire de recherche sur les enjeux économiques intergénérationnels (CREEi).

Décerné tous les trois ans, le prix Marcel-Dagenais reconnait la qualité de la production scientifique d'un chercheur ou d’une chercheuse qui a eu au cours des six années précédentes une contribution remarquable à la vie scientifique économique en français au Québec ou au Canada.

Plusieurs Fellows CIRANO ont reçu le prix dans le passé : Nicolas Vincent (HEC Montréal), Marine Carrasco (Université de Montréal), Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal), Jean-Marie Dufour (Université McGill), Éric Renault (Université de Montréal), Bernard Fortin (Université Laval) et Marcel Boyer (Université de Montréal).

Colloque en l'honneur des professeurs émérites Steven Ambler, Pierre Fortin & Louis Phaneuf

Photo: Jean-François Hamelin

Dalibor Stevanovic, Steven Ambler, Stéphane Pallage, Éric Girard, Pierre Fortin, Raquel Fonseca et Julien Martin. 
Photo: Jean-François Hamelin

La Chaire de recherche sur les enjeux économiques intergénérationnels organisait un colloque, le 3 mai dernier, en l’honneur des professeurs émérites du Département des sciences économiques Steven Ambler, Pierre Fortin et Louis Phaneuf, afin de célébrer leur contribution en économie.

Lors du cocktail de clôture de l’événement, le recteur Stéphane Pallage a pris la parole, tout comme le ministre des Finances et diplômé Éric Girard (M.Sc. économie, 1993).

Sur la photo, on aperçoit également le professeur Dalibor Stevanovic, cotitulaire de la Chaire en macroéconomie et prévisions de l’ESG UQAM, la professeure Raquel Fonseca, directrice du Département des sciences économiques et titulaire de la Chaire de recherche sur les enjeux économiques intergénérationnels, et le professeur Julien Martin, titulaire de la Chaire de recherche UQAM sur l’impact local des firmes multinationales.

Source: Actualités UQAM
Publication dans La Presse

Partenariat stratégique entre la Chaire en macroéconomie et prévisions et l’Autorité des marchés financiers

Cette nouvelle alliance vise la réalisation de projets de recherche sur des problématiques dans le secteur financier.

La Chaire en macroéconomie et prévisions de l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) et l’Autorité des marchés financiers annoncent un partenariat stratégique de 500 000 dollars répartis sur cinq ans, visant la réalisation de projets de recherche axés sur des problématiques actuelles et émergentes dans le secteur financier.

Cette nouvelle alliance entre le régulateur québécois et la Chaire, dont les titulaires sont les professeurs du Département des sciences économiques Alain Guay et Dalibor Stevanovic, permettra d’augmenter, au bénéfice du secteur et des consommateurs, les synergies entre la recherche de pointe menée par la Chaire et les besoins de l’Autorité face à des marchés en constante évolution.

Les projets financés par le partenariat visent à apporter des solutions à quatre problématiques par le développement d’outils novateurs, dont un cadre de simulation de crise adapté à la réalité du secteur financier québécois; l’étude et l’analyse de l’indice de stress financier actuel; des outils de prévision et d’analyse de scénarios de crise macroéconomique pour les décideurs; et un outil de prévision de crise.

«En favorisant le développement d’outils concrets que nous déploierons par la suite au sein de nos activités, ce partenariat renforcera la résilience du secteur financier face à de potentielles crises et, ultimement, contribuera au maintien de la confiance des Québécois envers celui-ci», souligne Patrick Déry, surintendant des institutions financières de l’Autorité.

«Je remercie chaleureusement l’Autorité des marchés financiers pour son appui à la Chaire et à la formation de la relève en sciences économiques. Grâce à ce financement et à la recherche de pointe réalisée par nos chercheuses et chercheurs, les travaux de la Chaire permettront de répondre au besoin de la société en dotant l’Autorité d’instruments de mesure efficaces qui amélioreront nos connaissances, en particulier dans le domaine des prévisions macroéconomiques», déclare Komlan Sedzro, doyen de l’ESG UQAM.

Source: Actualité UQAM

L’article « Agricultural Subsidies : Cutting into Forest Conservation », publié dans la revue Environment and Development Economics

L’article « Agricultural Subsidies : Cutting into Forest Conservation », de Fanny Moffette et Jennifer Alix-Garcia, a été publié en ligne dans la revue Environment and Development Economics. Cette étude explore comment les subventions agricoles peuvent induire la déforestation et interagir avec les programmes de conservation des forêts tropicales.
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Comment ne pas être économique : l'abondance et l'histoire de la flânerie, article du professeur Till Düppe

Cet essai offre une interprétation de l'histoire canonique de la flânerie en tant que pratique non économique, c'est-à-dire comme une pratique dépourvue de buts et de moyens. Je considère la flânerie comme un état d'esprit qui révèle l'abondance de manière similaire à la rationalité qui révèle la rareté. J'interroge les multiples facettes de cet état d'esprit en relisant trois phases de son histoire littéraire et culturelle : l'artiste-flâneur du XIXe siècle qui trouve son apogée chez Charles Baudelaire ; le consommateur-flâneur tel que décrit dans l'entre-deux-guerres, notamment dans l'œuvre de Walter Benjamin ; et le flâneur subversif redécouvert au milieu du XXe siècle par le situationniste Guy Debord, entre autres. Cette interprétation met à la fois en lumière les conditions sociales de la rationalité économique en tant que principe organisateur d'une société de marché, ainsi que le potentiel de s'affranchir de ce principe.

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Le professeur Charles Séguin nommé au Comité consultatif sur les changements climatiques

Le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM Charles Séguin siégera au Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec. Il fait partie des quatre nouveaux membres du comité nommés par le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs Benoit Charrette (B.A. histoire, 2000).

Membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, du Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD) et de l’Atelier d’économie de l’environnement et des ressources naturelles de Montréal, Charles Séguin s’intéresse à l’économie de l’environnement et des ressources, notamment au système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE). Il détient un doctorat en économie de l’agriculture et des ressources naturelles de l’Université de Californie à Berkeley.

Le diplômé Alain Bourque (M.Sc. sciences de l’atmosphère, 1998), directeur général d’Ouranos, le consortium québécois sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, fait également partie du Comité consultatif sur les changements climatiques.

Source: Actualités UQAM

Le pessimisme, un facteur de risque économique?

Une étude du CIRANO cosignée par deux Uqamiens apporte de l’eau au moulin de cette hypothèse.

Les économistes ont remarqué depuis plusieurs années qu’il existe des corrélations entre la confiance des entrepreneurs – ou des consommateurs – et les fluctuations de l’économie. Par exemple, on a constaté que des chutes dans la confiance des entreprises et des consommateurs canadiens avaient précédé les récessions de 1991 et de 2008. Les fluctuations de la confiance causent-elles ou ne font-elles qu’annoncer des changements dans l’activité économique? C’est la question à laquelle tente de répondre un article publié le 3 octobre dernier dans la revue Perspectives du CIRANO: «Le pessimisme risque de nous plonger dans une récession». Le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM Dalibor Stevanovic et le doctorant Adam Kader Touré ont cosigné cet article avec le professeur de l’Université Laval Kevin Moran.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs s’intéressent à cette question. Ainsi, une étude de 2013 basée sur des données américaines a démontré qu’une baisse du taux de chômage anticipé mène à une baisse réelle du taux de chômage. Une autre étude, plus récente, démontre qu’une amélioration soudaine de la confiance des consommateurs a un effet positif sur les investissements résidentiels, la consommation de biens durables et le PIB.

Absence de consensus

Mais d’autres analyses jettent un doute sur ces conclusions. Jusqu’à maintenant, les études visant à démontrer un impact macroéconomique réel d’une baisse ou d’une hausse de confiance des entrepreneurs ou des consommateurs n’ont pas mené à un consensus. «Tout exercice qui essaie de distinguer les causes d’une fluctuation macroéconomique est périlleux, et même possiblement voué à l’échec, parce que tout bouge en même temps», note Dalibor Stevanovic, qui est aussi cotitulaire de la Chaire en macroéconomie et prévisions.

Entre le sentiment de confiance de la population et la vigueur de l’économie, il y a une corrélation. «Chaque fois qu’il y a une récession, il y a une baisse dans la confiance, mais l’inverse n’est pas vrai, remarque le professeur. Par exemple, après le krach boursier de 1987, il n’y a pas eu de récession. Ce n’est pas parce que le marché financier va mal qu’on verra une récession.»

Tout de même, l’humeur ambiante pourrait jouer un rôle dans l’évolution de la situation économique. «La récession peut être causée par un tout autre choc, comme la pandémie, illustre Dalibor Stevanovic. Mais une fois que le choc a eu lieu, il se pourrait que la récession soit encore plus prononcée parce que les gens sont pessimistes.»

L’aspect causal de la corrélation

L’étude qu’il vient de publier avec ses collègues du CIRANO apporte de l’eau au moulin de cette hypothèse. En utilisant des données canadiennes et un modèle vectoriel autorégressif (désigné par l’acronyme VAR, en anglais), une méthode qui permet d’extraire l’aspect causal de la corrélation entre confiance et activité économique, ils en arrivent à la conclusion que les fluctuations de la confiance populaire ont bel et bien un impact, du moins partiel, sur l’activité économique.

Leurs données sur la confiance des particuliers et des entrepreneurs proviennent, entre autres, des enquêtes du Conference Board du Canada. Tous les trois mois, cet organisme interroge les entrepreneurs. Il leur demande, par exemple, s’ils considèrent que le moment présent est un bon moment pour investir dans de nouveaux équipements ou s’ils prévoient que la conjoncture économique sera pire ou meilleure dans six mois. Aux particuliers, il demande s’ils prévoient faire une dépense importante (voiture, maison), s’ils croient que la situation de l’emploi va s’améliorer, si leur situation familiale a progressé ou s’est détériorée, etc.

En croisant ces données avec différents indicateurs économiques dans le modèle VAR, les chercheurs observent qu’historiquement, un choc positif dans la confiance entraîne des hausses substantielles et persistantes du PIB et de l’investissement, une hausse du taux d’inflation et des taux d’intérêt ainsi qu’une appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain. À l’opposé, une baisse marquée dans la confiance provoque un ralentissement économique.

Les chercheurs ont même été en mesure de quantifier les effets des fluctuations de la confiance des consommateurs et des entreprises. Ainsi, les variations dans la confiance des entreprises auraient plus d’effet sur la volatilité du PIB que celles des consommateurs: 16,11 % sur un horizon de deux ans, versus 12,44 %. Autrement dit, sur deux ans, près d’un sixième de la variation du PIB s’expliquerait par le degré de confiance des entrepreneurs, par rapport à d’autres facteurs économiques ou sociaux.

Par contre, selon le modèle, l’évolution de la confiance des consommateurs serait un plus grand prédicteur de la variabilité des taux d’intérêt et des taux de change. Par exemple, sur un horizon de trois ans, «les chocs à la confiance des consommateurs canadiens sont responsables de 19,46 % des fluctuations du taux d’intérêt, comparé à 10,54 % pour les chocs de confiance des entreprises», écrivent les chercheurs. Pour les taux de change, c’est 14,30 % versus 5,46 %.

On pourrait s’attendre à ce que les flux de confiance au Canada et aux États-Unis se suivent de façon parallèle, y compris dans leurs impacts. Mais ce n’est pas exactement ce que les chercheurs ont observé. En effet, ces derniers ont évalué l’influence respective sur l’économie canadienne des fluctuations de la confiance aux États-Unis et au Canada. Selon leur modèle, les soubresauts de confiance au Canada, tant du côté des consommateurs que des entreprises, ont plus d’impact sur la volatilité de l’ensemble des variables analysées – PIB, investissement, taux d’intérêt, etc. – que les perturbations de la confiance américaine. «D’où l’importance d’une analyse mettant l’accent sur les mesures canadiennes de confiance», soulignent les chercheurs.

Le danger de crier au loup

Du côté des entrepreneurs et des consommateurs, les données d’enquête affichent depuis plusieurs mois un effritement de la confiance. Pour les chercheurs, cette «déprime actuelle dans la confiance des ménages et des entreprises constitue un facteur ajoutant au risque de récession dans les prochains mois».

Or, selon Dalibor Stevanovic, cette vague de pessimisme est disproportionnée par rapport à la situation réelle. «Il faut faire attention de ne pas crier au loup, dit-il. Depuis deux ans, personne n’a perdu son job, les salaires ont augmenté, mais tout le monde parle d’un risque de récession.»

Les taux d’intérêt qui augmentent et l’inflation qui gruge notre pouvoir d’achat sont des sources d’inquiétude, particulièrement pour les 5 à 10 % de personnes au bas de l’échelle, admet le professeur. Mais la majorité des gens conservent la possibilité de faire des arbitrages dans leurs dépenses. «On fera peut-être un voyage de moins dans le Sud, mais tant qu’on ne risque pas de perdre son emploi, il n’y a pas de raison pour autant de pessimisme, croit Dalibor Stevanovic. Pourtant, on observe en ce moment un niveau de pessimisme caractéristique des grandes récessions.»

Le professeur et ses coauteurs se demandent quelle est la part des médias dans cette chute de confiance dans l’avenir. Lors d’une présentation de leur étude au CIRANO, le 26 octobre dernier, ils ont cité un article récent de La Presse, affirmant que selon le prévisionniste François Trahan, «il n’y a aucune chance d’éviter une récession» et que «l’indice S&P 500 risque de chuter de 35 % d’ici 18 mois».

Selon un autre article cité par les chercheurs, publié dans The Economist, on craint que la vague actuelle de pessimisme se révèle une «prophétie autoréalisatrice». «On ne se réveille pas tous un matin en étant pessimistes, commente Dalibor Stevanovic. Des nouvelles nous alimentent et les médias poussent un certain type de nouvelles. Ce qu’on pense, sans pouvoir le démontrer, c’est que les médias jouent un rôle. C’est là le côté autoréalisateur du pessimisme qui risque de nous plonger dans une récession.»

Source: Actualités UQAM

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