Cet essai offre une interprétation de l'histoire canonique de la flânerie en tant que pratique non économique, c'est-à-dire comme une pratique dépourvue de buts et de moyens. Je considère la flânerie comme un état d'esprit qui révèle l'abondance de manière similaire à la rationalité qui révèle la rareté. J'interroge les multiples facettes de cet état d'esprit en relisant trois phases de son histoire littéraire et culturelle : l'artiste-flâneur du XIXe siècle qui trouve son apogée chez Charles Baudelaire ; le consommateur-flâneur tel que décrit dans l'entre-deux-guerres, notamment dans l'œuvre de Walter Benjamin ; et le flâneur subversif redécouvert au milieu du XXe siècle par le situationniste Guy Debord, entre autres. Cette interprétation met à la fois en lumière les conditions sociales de la rationalité économique en tant que principe organisateur d'une société de marché, ainsi que le potentiel de s'affranchir de ce principe.
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