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Félicitations à Catherine Haeck, récipiendaire de la médaille du couronnement du roi Charles III

Cinq membres de la communauté uqamienne ont obtenu la Médaille du couronnement du roi Charles III, qui leur a été décernée par l’honorable Manon Jeannotte, Lieutenante-gouverneure du Québec. Cette distinction commémorative est remise aux Canadiennes et Canadiens qui se sont distingués par leur dévouement et leur engagement ayant un impact significatif sur leur communauté, à l’échelle locale, régionale ou nationale.

Il s’agit de Charles-Philippe David, professeur au Département de science politique, Bernard Duhaime, professeur au Département des sciences juridiques, Catherine Haeck, professeure au Département des sciences économiques, Yannick Hémond, professeur au Département de géographie, et Stéphane Pallage, recteur de l’UQAM.

Spécialisée en économie de l’éducation et en économie du travail, Catherine Haeck est directrice scientifique du Groupe de recherche sur la capital humain (GRCH) depuis sa création. Elle a contribué à la fondation de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants du CHU Ste-Justine.

Lauréate du Prix de la relève professorale en recherche 2020 décerné par l’ESG UQAM, Catherine Haeck est fellow Cirano en plus d’être nouvellement directrice scientifique de la Chaire de recherche sur les enjeux économiques intergénérationnels (CRÉEI).

Sa recherche se concentre principalement sur le développement du capital humain des enfants et des jeunes, et sur la transmission intergénérationnelle du revenu et de l’éducation. Elle cherche notamment à identifier les programmes et les interventions qui aident les enfants et les jeunes en utilisant des techniques d’inférence causale. Elle souhaite comprendre le lien entre les inégalités observées durant la petite enfance et le parcours de vie sur le marché du travail, en documentant l’évolution de ces inégalités, et en analysant le rôle de l’éducation parentale et des politiques et programmes qui touchent les enfants.

L’économiste Charles Séguin explique le fonctionnement du marché québécois du carbone et ce qui le rendrait plus efficace

Pour une bourse du carbone plus performante

Image: Getty

Au Québec, les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre passent en bonne partie par le marché du carbone déployé en 2013 et lié à celui de la Californie depuis 2014. Image: Getty

La COP 29, qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre, sera l’occasion de rappeler que la plupart des pays de la planète sont encore loin de satisfaire aux exigences pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) fixés par l’Accord de Paris en 2015. Au Québec, ces efforts passent en bonne partie par le marché du carbone déployé en 2013 et lié à celui de la Californie depuis 2014. Au fil du temps, cette bourse du carbone – ou Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE) – a essuyé plusieurs critiques. Nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne permettra pas d’atteindre l’objectif que le Québec s’est fixé pour 2030, soit de réduire de 37,5% ses émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990.

Le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM Charles Séguin n’est pas aussi pessimiste. L’été dernier, le Comité consultatif sur les changements climatiques, dont il fait partie, a émis un avis visant à rendre le SPEDE plus efficace. Au début de 2025, le gouvernement soumettra plusieurs des recommandations de ce comité à la consultation publique en prévision d’un nouveau règlement dont l’adoption est prévue au printemps prochain.

Expert en économie de l’environnement, Charles Séguin répond aux questions d’Actualités UQAM sur le fonctionnement du marché du carbone et sur les mesures qui pourraient contribuer à le rendre plus performant.

Actualités UQAM – Quelles sont les grandes règles de fonctionnement du marché du carbone?

Charles Séguin – Ce sont celles du système de plafonnement et d’échange. Les émetteurs assujettis au système doivent obtenir des permis (je dis des «permis», mais on parle aussi de «droits» ou de «crédits») pour chaque tonne de GES relâchée dans l’atmosphère. En plafonnant le nombre de permis et en le réduisant chaque année, les gouvernements du Québec et de la Californie s’assurent qu’il y aura une réduction de GES puisqu’il manquera de permis pour en émettre.

Il y a différentes façons d’obtenir des permis. La majorité sont distribués lors des ventes aux enchères, organisées quatre fois par année. Mais il y a aussi une fraction non négligeable des permis, autour de 30%, qui sont alloués gratuitement par les gouvernements à certaines industries davantage exposées à la concurrence internationale. L’idée est d’éviter que ces industries déménagent dans des juridictions où il n’y a pas de contraintes sur les émissions de GES et qu’on perde une partie de notre activité économique, sans faire baisser le niveau global des émissions. Par exemple, les alumineries, cimenteries, papetières et usines chimiques reçoivent beaucoup de permis gratuits, mais leur nombre décroît d’année en année.

A.U. – Quelles sont les entreprises assujetties au SPEDE?

C.S. – Grosso modo, les émetteurs assujettis à la réglementation québécoise se divisent en deux groupes: les émetteurs industriels, dont on vient de parler, et les distributeurs de combustible fossile, comme les réseaux de stations-service ou Énergir, qui distribue le gaz naturel. Les émetteurs du secteur des combustibles fossiles, qui comptent pour environ 50% des émissions de GES au Québec, ne reçoivent aucun permis gratuit.

Il y a environ 125 entreprises au Québec, dont 80 émetteurs industriels, qui sont assujetties au marché du carbone. Ces entreprises représentent 75 à 80 % de toutes les émissions de GES du Québec.

«Il y a environ 125 entreprises au Québec, dont 80 émetteurs industriels, qui sont assujetties au marché du carbone. Ces entreprises représentent 75 à 80 % de toutes les émissions de GES du Québec.»

Les émetteurs industriels sont obligatoirement assujettis à partir d’une certaine taille, soit 25 000 tonnes de GES par année. Il y a aussi des émetteurs industriels se situant entre 10 000 et 25 000 tonnes par année qui peuvent adhérer au marché volontairement.

Dans notre avis, nous avions deux propositions par rapport à l’élargissement du système. L’une visait à rendre l’adhésion obligatoire pour les entreprises se situant actuellement dans la zone optionnelle, entre 10 000 et 25 000 tonnes. Notre autre proposition visait à inclure le secteur des matières résiduelles. Ce secteur, qui émet du méthane par la décomposition des déchets dans les dépotoirs, représente environ 10 % de nos émissions. En incluant ces deux groupes, on pourrait donc augmenter la couverture du système de 75 à 85 % et même 90 % de nos émissions. Il ne resterait, en gros, que l’agriculture qui ne serait pas couverte. Mais comme il est plus difficile de mesurer les émissions dans le secteur agricole, qu’il y a beaucoup de petites fermes et que ce serait compliqué à gérer, nous n’avons pas proposé de l’inclure.

A.U. – Quel est l’intérêt des entreprises qui émettent entre 10 000 et 25 000 tonnes de GES de se joindre volontairement au marché?

C.S. – Peut-être que certaines le font pour une question d’image de marque. Une autre raison, possiblement plus importante, est liée au fait qu’il y a beaucoup de permis gratuits dans le secteur industriel et que cela peut représenter une opportunité d’affaires. Si des entreprises prévoient développer une nouvelle technologie qui réduira leurs émissions, elles peuvent entrer dans le système avec leur vieille technologie, recevoir des permis gratuits, réduire leurs émissions, puis revendre leurs permis excédentaires à d’autres entreprises. Ça ne se fait pas à grande échelle, mais ça se fait.

A.U. – Revendre ses permis excédentaires n’est toutefois pas le privilège des entreprises qui adhèrent volontairement au système?

C.S. Non, bien sûr. Cela s’applique à tous les émetteurs. Le marché vise à introduire de la flexibilité. Par exemple, s’il y a des secteurs de l’économie qui sont en décroissance et d’autres en croissance, les échanges entre les entreprises permettent de réallouer les permis dans le système sans que le gouvernement n’ait à intervenir. C’est positif au sens où cela permet aussi de s’ajuster aux soubresauts de l’économie, comme c’est arrivé pendant la pandémie. Étant donné que le prix des permis s’ajuste en fonction des conditions d’offre et de demande, quand l’économie va mal, le prix diminue. Donc, implicitement, le prix carbone payé par le consommateur baisse en période de ralentissement. Puis, quand l’économie reprend, comme à la sortie de la pandémie, le prix augmente.

«Étant donné que le prix des permis s’ajuste en fonction des conditions d’offre et de demande, quand l’économie va mal, le prix diminue. Donc, implicitement, le prix carbone payé par le consommateur baisse en période de ralentissement.»

A.U. – Une des critiques adressées au système concerne le surplus de permis en circulation, qui a pour effet de garder les prix à un niveau trop bas. Comment expliquer ce surplus ?

C.S. – En raison d’une combinaison de facteurs, il y a peut-être eu trop de permis distribués pendant la première phase du SPEDE et des émetteurs ont pu faire des réserves. En effet, comme les permis n’ont pas de date d’expiration, si, pendant une certaine période, une entreprise produit moins de GES, elle peut décider de conserver ses permis pour les utiliser plus tard ou les revendre. Ensuite, il y a eu les aléas du cycle économique, et, en particulier, la pandémie, qui a fait en sorte que la demande est devenue très faible. Des permis se sont donc accumulés pendant cette période-là aussi. Mais ce n’est pas énorme. On évalue à 17 millions de tonnes le nombre de permis accumulé de façon excessive, soit moins de la moitié des 50 millions de tonnes que le gouvernement met en vente chaque année. Nous avons recommandé de retirer ces 17 millions de tonnes du système et c’est une des pistes que le gouvernement va soumettre à la consultation. En ce moment, les plafonds d’émissions ont été annoncés jusqu’en 2030. Selon notre proposition, le retrait de 17 millions de tonnes serait réparti entre 2026 et 2030, soit une réduction d’environ 3-4 millions de tonnes chaque année.

«On évalue à 17 millions de tonnes le nombre de permis accumulé de façon excessive, soit moins de la moitié des 50 millions de tonnes que le gouvernement met en vente chaque année. Nous avons recommandé de retirer ces 17 millions de tonnes du système et c’est une des pistes que le gouvernement va soumettre à la consultation.»

Ce sont des chiffres pour le Québec. Les chiffres pour la Californie sont beaucoup plus importants, mais la Californie a annoncé qu’elle allait aussi retirer un certain nombre de permis. À cet égard, les deux juridictions bougeraient donc dans la même direction afin de rendre les permis plus rares dans les prochaines années.

A.U. – Les crédits compensatoires permettent aux entreprises assujetties d’acheter des permis d’entreprises qui font des réductions dans d’autres secteurs. Pourquoi proposez-vous d’y mettre fin?

C.S. – La raison d’être des crédits compensatoires, c’est de créer des connexions entre les secteurs qui sont actuellement couverts par le système et ceux qui ne le sont pas – au Québec, on parle principalement de l’agriculture et des matières résiduelles. Si une entreprise dans un secteur non couvert réduit ses émissions de GES, elle peut créer un crédit compensatoire et une entreprise assujettie peut acheter ce crédit. Mais attention, les entreprises ne peuvent pas utiliser un nombre illimité de crédits compensatoires. Actuellement, ces crédits ne peuvent pas compter pour plus que 8% du total de leurs droits d’émission.

En plus des secteurs non couverts, les milieux naturels, en particulier la foresterie, ont aussi été mis à contribution pour la création de crédits compensatoires. En faisant du reboisement, par exemple, on peut capturer du carbone et créer des crédits. Toutefois, la comptabilité des émissions est beaucoup plus incertaine dans le secteur forestier que dans celui des déchets et ou de l’agriculture. Et cette incertitude n’a pas diminué avec le temps, surtout avec les risques de feux de forêt. Car si vous plantez une forêt et qu’elle brûle, le carbone retourne dans l’atmosphère.

Le Québec avait édicté des règles très strictes sur les crédits forestiers, par rapport à la Californie. Cela a fait en sorte qu’il y a eu zéro crédit forestier généré au Québec et plusieurs dizaines de millions en Californie. Comme les crédits forestiers représentent 80 % des crédits compensatoires, soit beaucoup plus que ceux provenant de l’agriculture ou du secteur des déchets, et compte tenu de l’incertitude par rapport à la valeur véritable de ces crédits, nous avons proposé qu’ils soient exclus.

«Comme les crédits forestiers représentent 80 % des crédits compensatoires, soit beaucoup plus que ceux provenant de l’agriculture ou du secteur des déchets, et compte tenu de l’incertitude par rapport à la valeur véritable de ces crédits, nous avons proposé qu’ils soient exclus.»

L’idée n’était pas mauvaise au départ, mais comme c’est le secteur forestier qui domine ces crédits et que ceux-ci soulèvent beaucoup de doutes, on croit qu’il serait préférable de s’en passer et d’assujettir les matières résiduelles, ce qui annulerait le besoin de crédits compensatoires pour ce secteur. Pour ce qui est de la foresterie, nous proposons de garder la base réglementaire du Québec et que ce soit le gouvernement qui achète ces crédits pour appliquer les réductions de GES équivalentes au bilan québécois.

A.U. – On dit que depuis la mise en place du marché du carbone, le Québec a réduit une partie de son bilan d’émissions en achetant des droits de polluer en Californie. Est-ce exact?

C.S. – Entre 2015 et 2020, qui est la dernière année pour laquelle nous avons des données complètes, le Québec était un importateur net de droits d’émission de GES. C’est en achetant des permis aux Californiens qu’il a pu respecter ses plafonds d’émission. Cela signifie que la Californie a dépassé son objectif de 2020 et fait plus de réductions que prévu, alors que le Québec en a fait moins. Comment expliquer cela? En Amérique du Nord, le secteur le moins cher à décarboner au cours de la dernière décennie était la production d’électricité. En Californie, il y a eu des occasions de fermer des centrales au charbon à relativement peu de frais, alors qu’au Québec, la production d’électricité était déjà décarbonée. Donc, d’une certaine façon, le Québec a profité de la possibilité d’éliminer des GES dans le secteur de la production d’électricité en Californie. Mais cela ne pourra pas continuer, car la Californie a plus ou moins épuisé ses opportunités dans ce domaine. Il faudra donc examiner les flux de permis entre les deux juridictions dans le prochain rapport sur le SPEDE qui doit sortir vers la fin de l’année. J’ai l’impression que le déficit du Québec sera en diminution.

A.U. – Si on revient sur les principales recommandations du Comité consultatif sur les changements climatiques, quelles sont celles auxquelles le gouvernement semble vouloir donner suite ?

C.S. – Comme on l’a mentionné, notre proposition de réduire d’environ 17 millions le nombre de permis en circulation fait partie de celles qui seront soumises à la consultation publique. Ensuite, en lien avec les crédits compensatoires, le gouvernement propose de réduire progressivement la limite permise pour l’utilisation de ces crédits. Cette limite, actuellement de 8%, diminuerait graduellement pour atteindre 0% en 2031 et les crédits compensatoires seraient remplacés par un mécanisme d’achat de réductions, ce qui correspond à l’esprit de notre proposition.

Le gouvernement propose aussi d’ajuster à la hausse le prix de la réserve. Il s’agit d’une provision qui permettrait au gouvernement, si jamais le prix du marché devenait trop élevé, d’ajouter des crédits au prix de la réserve. Ça agirait comme un prix plafond. Nous trouvions que ce plafond était trop bas et qu’il fallait laisser un peu plus de marge au marché. Le gouvernement semble ouvert à cette proposition.

Une autre de nos recommandations concerne les périodes de conformité. Les émetteurs n’ont pas besoin de prouver chaque année qu’ils ont les permis pour couvrir leurs émissions. Ils doivent le faire tous les trois ans. C’est ce qu’on appelle la période de conformité. Une de ces périodes va se terminer en 2029 et une autre, en 2032. Cela tombe mal pour savoir si l’objectif de 2030 sera atteint. Nous avons donc proposé que les périodes de conformité soient dorénavant d’une durée de deux ans, ce qui laisserait de la flexibilité aux émetteurs, tout en faisant en sorte qu’elles correspondent aux dates où le Québec s’est fixé des objectifs, soit 2030 pour la réduction de 37,5 % de nos émissions par rapport à leur niveau de 1990 et 2050 pour la carboneutralité.

Notre dernière recommandation est en lien avec les chiffres utilisés par le gouvernement sur le potentiel de réchauffement des différents GES. Plutôt que de se baser sur le 4e rapport du GIEC, comme c’est le cas en ce moment, nous pensons qu’il faudrait utiliser les chiffres du 5e rapport, légèrement différents. Selon ces données plus récentes, le méthane, par exemple, a un potentiel plus élevé. Le gouvernement a indiqué sa volonté d’aller dans ce sens.

D’autres recommandations n’ont pas été retenues. Ainsi, nous proposions une réduction de la proportion des allocations gratuites au secteur industriel. Ces allocations sont déjà en diminution, mais les émissions des émetteurs industriels sont aussi en diminution et nous trouvions que la proportion de permis gratuits ne diminuait pas assez rapidement.

Nous avions aussi pensé à un mécanisme d’ajustement automatique des plafonds d’émissions. Si on réduit de 17 millions les permis actuellement en surplus dans le marché, nous souhaitions éviter qu’une autre accumulation ne se produise dans l’avenir, dans l’éventualité d’une crise économique majeure, par exemple. Plutôt que de le faire à la pièce, on pourrait automatiser l’ajustement du niveau des plafonds en fonction de l’utilisation des permis à travers le temps. L’Union européenne a développé ce genre de mécanisme et nous aurions pu nous en inspirer. Ce n’est pas dans les cartons pour l’instant.

Le gouvernement ne semble pas non plus prêt à étendre le SPEDE au secteur des matières résiduelles, comme nous l’avions proposé, jugeant vraisemblablement que ce serait trop complexe à administrer.

En somme, je crois que le gouvernement a opté pour les éléments les plus faciles à mettre en place à court terme, car la nouvelle réglementation devrait entrer en vigueur dès 2026-2028. Cela me semble raisonnable. Les éléments plus compliqués viendront peut-être plus tard.

A.U. – Est-ce que d’autres États américains ou d’autres provinces pourraient se joindre au marché du carbone ?

C.S. – L’Ontario a brièvement fait partie du système en 2018, mais le gouvernement Ford, en arrivant au pouvoir, a mis fin à cela. En ce moment, il ne semble pas y avoir beaucoup d’appétit dans le reste du Canada pour joindre le marché conjoint entre le Québec et la Californie. Aux États-Unis, il y a des discussions très sérieuses avec l’État de Washington. Cet État a lancé son propre système, inspiré de ce qui se fait en Californie, et il pourrait y avoir une liaison avec les marchés du Québec et de la Californie vers 2026.

«Aux États-Unis, il y a des discussions très sérieuses avec l’État de Washington. Cet État a lancé son propre système, inspiré de ce qui se fait en Californie, et il pourrait y avoir une liaison avec les marchés du Québec et de la Californie vers 2026.»

A.U. – Comment expliquer le manque d’intérêt pour le marché du carbone dans le reste du Canada ?

C.S. – Par différents facteurs. D’abord, les provinces ont l’habitude de gérer des taxes et, administrativement, le SPEDE est plus complexe à mettre en place qu’une taxe. Ensuite, ce n’est pas non plus la voie choisie par le gouvernement fédéral. Comme la loi fédérale prévoit que les provinces doivent implémenter leur propre système ou se voir imposer la taxe fédérale, les provinces trouvent plus simple de ne rien faire et de laisser la taxe fédérale s’appliquer. Les provinces – sauf la Colombie-Britannique, qui a sa propre taxe – peuvent ainsi blâmer Ottawa pour la taxe carbone.

A.U. – En conclusion, est-ce qu’on peut considérer que la bourse du carbone joue son rôle?

C.S. – Oui, bien que le système soit perfectible. Si les gens ont une perception un peu négative du SPEDE, c’est que son effet, jusqu’à maintenant, s’est surtout fait sentir à travers les importations de droits d’émission, puisque les réductions ont surtout eu lieu en Californie. Sur le plan de la vertu, on a l’impression que c’est moins bien parce que ce n’est pas nous qui avons réduit nos émissions, mais pour le climat de la planète, que les réductions aient lieu en Californie ou au Québec, ça ne fait aucune différence. Je pense que le système a joué son rôle et que, dans le futur, une plus grande proportion des réductions se feront au Québec.

Il faut aussi souligner que le marché constitue une source de revenus significative pour le Québec. Plus de 9,2 milliards de dollars ont été amassés depuis le lancement du marché du carbone, en 2013, et ces revenus sont réinvestis dans la lutte contre les changements climatiques. Ce n’est pas rien.

Pour consulter l'article d'origine via Actualité UQAM

Le professeur Pavel Ševčík publie dans le Canadian Journal of Economics

Pavel Ševčík
Département des sciences économiques, ESG UQAM
Rui Castro
Department of Economics, CIREQ, McGill University

RÉSUMÉ
Choix de carrière, capital humain et contraintes financières. Nous étudions les effets des frictionsfinancières au niveau des entreprises sur la productivité agrégée. Les contraintes de crédit influencentnon seulement les décisions de production, mais aussi les décisions de scolarisation au sein des ménages.À leur tour, les décisions de scolarisation des entrepreneurs ont une incidence sur la productivité de leursfirmes, dont la distribution devient endogène. En prévision des futures contraintes, les entrepreneurssous-investissent dans la scolarisation au début de leur vie. Les frictions diminuent la productivitéagrégée parce que le talent est mal réparti entre les occupations et que le capital est mal réparti entreles entreprises. De surcroît, la productivité des entreprises est inférieure en raison des distorsions descolarisation. Ensemble, ces effets représentent de 36 à 68 % de la différence de productivité agrégéeentre les États-Unis et l’Inde. Les distorsions de scolarisation sont la source principale des différences deproductivité agrégée.

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Le professeur Charles Séguin nommé au Comité consultatif sur les changements climatiques

Le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM Charles Séguin siégera au Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec. Il fait partie des quatre nouveaux membres du comité nommés par le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs Benoit Charrette (B.A. histoire, 2000).

Membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, du Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD) et de l’Atelier d’économie de l’environnement et des ressources naturelles de Montréal, Charles Séguin s’intéresse à l’économie de l’environnement et des ressources, notamment au système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE). Il détient un doctorat en économie de l’agriculture et des ressources naturelles de l’Université de Californie à Berkeley.

Le diplômé Alain Bourque (M.Sc. sciences de l’atmosphère, 1998), directeur général d’Ouranos, le consortium québécois sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, fait également partie du Comité consultatif sur les changements climatiques.

Source: Actualités UQAM

Le pessimisme, un facteur de risque économique?

Une étude du CIRANO cosignée par deux Uqamiens apporte de l’eau au moulin de cette hypothèse.

Les économistes ont remarqué depuis plusieurs années qu’il existe des corrélations entre la confiance des entrepreneurs – ou des consommateurs – et les fluctuations de l’économie. Par exemple, on a constaté que des chutes dans la confiance des entreprises et des consommateurs canadiens avaient précédé les récessions de 1991 et de 2008. Les fluctuations de la confiance causent-elles ou ne font-elles qu’annoncer des changements dans l’activité économique? C’est la question à laquelle tente de répondre un article publié le 3 octobre dernier dans la revue Perspectives du CIRANO: «Le pessimisme risque de nous plonger dans une récession». Le professeur du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM Dalibor Stevanovic et le doctorant Adam Kader Touré ont cosigné cet article avec le professeur de l’Université Laval Kevin Moran.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs s’intéressent à cette question. Ainsi, une étude de 2013 basée sur des données américaines a démontré qu’une baisse du taux de chômage anticipé mène à une baisse réelle du taux de chômage. Une autre étude, plus récente, démontre qu’une amélioration soudaine de la confiance des consommateurs a un effet positif sur les investissements résidentiels, la consommation de biens durables et le PIB.

Absence de consensus

Mais d’autres analyses jettent un doute sur ces conclusions. Jusqu’à maintenant, les études visant à démontrer un impact macroéconomique réel d’une baisse ou d’une hausse de confiance des entrepreneurs ou des consommateurs n’ont pas mené à un consensus. «Tout exercice qui essaie de distinguer les causes d’une fluctuation macroéconomique est périlleux, et même possiblement voué à l’échec, parce que tout bouge en même temps», note Dalibor Stevanovic, qui est aussi cotitulaire de la Chaire en macroéconomie et prévisions.

Entre le sentiment de confiance de la population et la vigueur de l’économie, il y a une corrélation. «Chaque fois qu’il y a une récession, il y a une baisse dans la confiance, mais l’inverse n’est pas vrai, remarque le professeur. Par exemple, après le krach boursier de 1987, il n’y a pas eu de récession. Ce n’est pas parce que le marché financier va mal qu’on verra une récession.»

Tout de même, l’humeur ambiante pourrait jouer un rôle dans l’évolution de la situation économique. «La récession peut être causée par un tout autre choc, comme la pandémie, illustre Dalibor Stevanovic. Mais une fois que le choc a eu lieu, il se pourrait que la récession soit encore plus prononcée parce que les gens sont pessimistes.»

L’aspect causal de la corrélation

L’étude qu’il vient de publier avec ses collègues du CIRANO apporte de l’eau au moulin de cette hypothèse. En utilisant des données canadiennes et un modèle vectoriel autorégressif (désigné par l’acronyme VAR, en anglais), une méthode qui permet d’extraire l’aspect causal de la corrélation entre confiance et activité économique, ils en arrivent à la conclusion que les fluctuations de la confiance populaire ont bel et bien un impact, du moins partiel, sur l’activité économique.

Leurs données sur la confiance des particuliers et des entrepreneurs proviennent, entre autres, des enquêtes du Conference Board du Canada. Tous les trois mois, cet organisme interroge les entrepreneurs. Il leur demande, par exemple, s’ils considèrent que le moment présent est un bon moment pour investir dans de nouveaux équipements ou s’ils prévoient que la conjoncture économique sera pire ou meilleure dans six mois. Aux particuliers, il demande s’ils prévoient faire une dépense importante (voiture, maison), s’ils croient que la situation de l’emploi va s’améliorer, si leur situation familiale a progressé ou s’est détériorée, etc.

En croisant ces données avec différents indicateurs économiques dans le modèle VAR, les chercheurs observent qu’historiquement, un choc positif dans la confiance entraîne des hausses substantielles et persistantes du PIB et de l’investissement, une hausse du taux d’inflation et des taux d’intérêt ainsi qu’une appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain. À l’opposé, une baisse marquée dans la confiance provoque un ralentissement économique.

Les chercheurs ont même été en mesure de quantifier les effets des fluctuations de la confiance des consommateurs et des entreprises. Ainsi, les variations dans la confiance des entreprises auraient plus d’effet sur la volatilité du PIB que celles des consommateurs: 16,11 % sur un horizon de deux ans, versus 12,44 %. Autrement dit, sur deux ans, près d’un sixième de la variation du PIB s’expliquerait par le degré de confiance des entrepreneurs, par rapport à d’autres facteurs économiques ou sociaux.

Par contre, selon le modèle, l’évolution de la confiance des consommateurs serait un plus grand prédicteur de la variabilité des taux d’intérêt et des taux de change. Par exemple, sur un horizon de trois ans, «les chocs à la confiance des consommateurs canadiens sont responsables de 19,46 % des fluctuations du taux d’intérêt, comparé à 10,54 % pour les chocs de confiance des entreprises», écrivent les chercheurs. Pour les taux de change, c’est 14,30 % versus 5,46 %.

On pourrait s’attendre à ce que les flux de confiance au Canada et aux États-Unis se suivent de façon parallèle, y compris dans leurs impacts. Mais ce n’est pas exactement ce que les chercheurs ont observé. En effet, ces derniers ont évalué l’influence respective sur l’économie canadienne des fluctuations de la confiance aux États-Unis et au Canada. Selon leur modèle, les soubresauts de confiance au Canada, tant du côté des consommateurs que des entreprises, ont plus d’impact sur la volatilité de l’ensemble des variables analysées – PIB, investissement, taux d’intérêt, etc. – que les perturbations de la confiance américaine. «D’où l’importance d’une analyse mettant l’accent sur les mesures canadiennes de confiance», soulignent les chercheurs.

Le danger de crier au loup

Du côté des entrepreneurs et des consommateurs, les données d’enquête affichent depuis plusieurs mois un effritement de la confiance. Pour les chercheurs, cette «déprime actuelle dans la confiance des ménages et des entreprises constitue un facteur ajoutant au risque de récession dans les prochains mois».

Or, selon Dalibor Stevanovic, cette vague de pessimisme est disproportionnée par rapport à la situation réelle. «Il faut faire attention de ne pas crier au loup, dit-il. Depuis deux ans, personne n’a perdu son job, les salaires ont augmenté, mais tout le monde parle d’un risque de récession.»

Les taux d’intérêt qui augmentent et l’inflation qui gruge notre pouvoir d’achat sont des sources d’inquiétude, particulièrement pour les 5 à 10 % de personnes au bas de l’échelle, admet le professeur. Mais la majorité des gens conservent la possibilité de faire des arbitrages dans leurs dépenses. «On fera peut-être un voyage de moins dans le Sud, mais tant qu’on ne risque pas de perdre son emploi, il n’y a pas de raison pour autant de pessimisme, croit Dalibor Stevanovic. Pourtant, on observe en ce moment un niveau de pessimisme caractéristique des grandes récessions.»

Le professeur et ses coauteurs se demandent quelle est la part des médias dans cette chute de confiance dans l’avenir. Lors d’une présentation de leur étude au CIRANO, le 26 octobre dernier, ils ont cité un article récent de La Presse, affirmant que selon le prévisionniste François Trahan, «il n’y a aucune chance d’éviter une récession» et que «l’indice S&P 500 risque de chuter de 35 % d’ici 18 mois».

Selon un autre article cité par les chercheurs, publié dans The Economist, on craint que la vague actuelle de pessimisme se révèle une «prophétie autoréalisatrice». «On ne se réveille pas tous un matin en étant pessimistes, commente Dalibor Stevanovic. Des nouvelles nous alimentent et les médias poussent un certain type de nouvelles. Ce qu’on pense, sans pouvoir le démontrer, c’est que les médias jouent un rôle. C’est là le côté autoréalisateur du pessimisme qui risque de nous plonger dans une récession.»

Source: Actualités UQAM

Le professeur Dalibor Stevanovic remporte le Prix Harry Jonhson

Le professeur Dalibor Stevanovic (Département des sciences économiques) a remporté le Prix Harry Johnson avec ses co-auteurs Olivier Fortin-Gagnon Maxime Leroux (Département des sciences économiques) et Stéphane Surprenant (Département des sciences économiques) intitulé «A Large Canadian Database for Macroeconomic Analysis», paru en 2022 au Canadian Journal of
Economics / Revue canadienne d'économique.

L'Association canadienne d'économique décerne chaque année le prix Harry G. Johnson à l'auteur ou aux auteurs de l'article considéré comme le meilleur article publié dans la Revue canadienne d'économique au cours de l'année civile précédente. Le prix est décerné lors des réunions annuelles de l'Association canadienne d'économie et est sélectionné par un comité. Le prix a été attribué le 3 juin lors du congrès annuel de l'Association canadienne d'économique à Winnipeg.

On peut télécharger le texte de l'article à l'adresse suivante : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/caje.12618

Colloque GRCH-OPES 14 avril 2023

L’éducation et la mobilité intergénérationnelle

Le Groupe de recherche sur le capital humain va tenir son sixième colloque en collaboration avec l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES) le vendredi 14 avril 2023 à l’Université du Québec à Montréal. Sept chercheurs académiques en sciences économiques et psychologie viendront présenter leurs travaux récents. La recherche présentée sera principalement de nature empirique et microéconométrique, avec une attention particulière aux questions d’identification des effets causaux. Le colloque se veut une rencontre de discussion et d’échange sur le thème de la mobilité intergénérationnelle et de son lien avec l’éducation. Le colloque est ouvert non seulement aux chercheurs académiques, mais également aux dirigeants et décideurs politiques ainsi qu’aux fonctionnaires des ministères et agences gouvernementales avec un intérêt pour le sujet.

Le colloque aura lieu à l’Université du Québec à Montréal, pavillon Président-Kennedy, 201, avenue du Président-Kennedy (métro Place-des-Arts), à la salle PK-1140, de 9h00 à 16h45.

Veuillez noter que la journée se déroulera en anglais.

L’inscription (incluant le lunch) est gratuite mais obligatoire.

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Lancement du livre « La sous-scolarisation des hommes et le choix de profession des femmes »


La professeure Catherine Haeck et ses coauteurs, le Pr. Robert Lacroix, le Pr. Claude Montmarquette et le Pr. Richard E. Tremblay lancent un livre expliquant trois phénomènes liés au genre et au parcours d’éducation. Ils se sont premièrement penchés sur le fait que les femmes sont à présent plus diplômées que les hommes. Cependant, malgré cette tendance renversée, les différences dans les choix de profession et de disciplines faits par les hommes et les femmes se maintiennent. En retraçant le cours des soixante-quinze dernières années, les auteurs partagent leurs explications des causes possibles de ces phénomènes et en analysent les conséquences économiques et sociales. Enfin, ils proposent une série de mesures à mettre en place à la lumière de leur analyse.

Le livre sera disponible en librairie à partir du 20 mars.

Nouvelle couverture médiatique pour Marlon Seror dans The Economist – 10.06.2022

Le magazine de référence The Economist a dédié une colonne à l’un des travaux du professeur Marlon Seror, co-écrit avec Alberto Alesina, David Yang (Harvard University et NBER), Yang You (Hong Kong University) et Weihong Zeng (Xi’an Jiaotong University).

Ce travail, intitulé « Persistence Despite Revolutions », pose la question suivante : peut-on éliminer la reproduction des élites en éradiquant les inégalités de richesse et d’éducation ? Pour répondre à cette question, les auteurs se penchent sur l’histoire de la Chine, où deux révolutions – la Révolution Communiste et la Révolution Culturelle – ont exactement mené un tel projet. Grâce à des annales locales nouvellement numérisées et à des données de recensement et d’enquête-ménage, ils montrent que les révolutions ont bien réussi à homogénéiser la population chinoise à court terme. Toutefois, les inégalités qui caractérisaient la génération d’avant les révolutions refont surface un demi-siècle après. Les individus dont les grands-parents appartenaient à l’élite prérévolutionnaire gagnent aujourd’hui 12% de plus et sont significativement plus éduqués que le reste de la population. Les auteurs mettent en avant le rôle du capital humain ainsi que du capital social dans ce rebond spectaculaire : les anciennes élites ont réussi à transmettre à leurs descendants certains savoirs et valeurs qui leur permettent aujourd’hui de se hisser au niveau de la nouvelle élite communiste, malgré la répression dont elles ont été victimes et la destruction de leur capital il y a 70 ans.

Lien vers l’article de The Economist.

Lien vers le document de travail NBER.

Le Département des sciences économiques largement représenté lors de la 22e conférence de recherche Jacques Polak

Le Département des sciences économiques a été largement représenté lors de la 22e conférence de recherche Jacques Polak. Cette prestigieuse conférence organisée par le FMI réunit chaque année des économistes du monde universitaire, des secteurs public et privé et des groupes de réflexion pour discuter de la recherche en économie et pour faciliter l'échange de vues entre chercheurs et décideurs publics. Cette année, l’emphase était mise sur les stratégies pour construire une reprise économique résiliente et inclusive. Deux articles co-écrits par des professeurs du département ont été présentés : The Fiscal and Welfare Effects of Policy Responses to the Covid-19 School Closures (lien vers le papier et la vidéo), co-écrit par Étienne Lalé et Supply Shocks in Supply Chains: Evidence from the Early Lockdown in China (lien vers le papier et la vidéo) co-écrit par Julien Martin.

École des sciences de la gestion

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